La Fondation Nationale des Indiens (FUNAI) a publié le 22 janvier une nouvelle résolution visant à établir des critères d’identification des populations autochtones au Brésil. Cet acte stipule que dorénavant il appartient à la FUNAI qui décider qui est et qui n’est pas autochtone au Brésil, ce qui était auparavant un droit des autochtones eux-mêmes, un droit garanti par la Constitution fédérale et par les traités internationaux signés par le Brésil, comme la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT).
L’Articulation des peuples indigènes du Brésil (APIB) dénonce cette nouvelle disposition du gouvernement fédéral qui est manifestement contraire aux droits des peuples et demande l’annulation immédiate de la résolution 4 de la FUNAI. Nous appelons tous les dirigeants et organisations autochtones à rester vigilants face à cette résolution qui trouve ses racines dans la dictature militaire au Brésil, durant laquelle plus de 8 000 autochtones ont été tués, et à exiger son annulation.
Nous affirmons qu’avec cette mesure, la FUNAI a violé les traités internationaux ayant force de loi au Brésil, ainsi que la Constitution fédérale. Cette résolution vise à remettre les peuples autochtones sous tutelle de l’État brésilien, comme dans les années 1970, lorsque le Service de Protection des Indiens (SPI) existait. Nous ne pouvons pas tolérer une régression de plus.
Au temps de la dictature, les militaires procédaient à cette identification des peuples autochtones dans le but de désarticuler les mouvements ou toute forme d’organisation des peuples autochtones. À l’époque, ils appelaient cela les « critères d’indianité ».
Le gouvernement actuel a déjà déclaré publiquement son alignement idéologique sur les valeurs inhumaines de la dictature. La FUNAI a notamment pour mission de protéger et de promouvoir les droits des peuples autochtones. Il n’appartient pas à la FUNAI de définir qui est et qui n’est pas autochtone ; cette résolution s’attaque à l’autodétermination des peuples.
La seule forme de reconnaissance des peuples autochtones est l’auto-reconnaissance, qui est un processus individuel et collectif, puisque la communauté/population a le pouvoir de reconnaître les personnes autochtones, quel que soit l’endroit où elles vivent. Tout critère établi par l’État est autoritaire, limitatif et scientifiquement dépassé et erroné.
Peu importe que la personne autochtone ait déménagé pour vivre en ville, qu’elle ait fait des études universitaires ou qu’elle vive sur un territoire traditionnel. Un autochtone sera toujours un autochtone, quelles que soient les conditions sociales ou le lieu où il vit, en maintenant des liens avec ses ancêtres, son mode de vie et sa culture.
L’Apib exprime sa vigoureuse répulsion à l’égard du gouvernement fasciste, raciste et corrompu de Bolsonaro. Une administration qui décide de réduire l’aide à la population, qui tente de survivre à la pandémie de Covid-19, et qui réserve des milliards de réaux dans des amendements parlementaires afin de coopter des députés et ainsi garantir la présidence de la Chambre des députés, ce qui contribuera à la continuité de ce projet de mort au Brésil.
La FUNAI publie cette résolution pour nier l’existence de plus de 42% de la population autochtone vivant dans le pays, dans les territoires autochtones en cours de démarcation et dans les villes. Le traitement raciste que le gouvernement fédéral adopte à l’encontre des peuples autochtones a été dénoncé par l’APIB à de nombreuses reprises et plus récemment en raison du fait que le ministère de la santé exclut la majorité de la population autochtone du plan de vaccination parce que celle-ci habite en dehors des territoires homologués.
Cette action gouvernementale de vouloir adopter des critères pour faire reconnaître les autochtones est liée aux différents projets qui cherchent à détruire les territoires traditionnels des peuples. La FUNAI veut consolider avec la résolution n. 4 les objectifs de l’instruction normative n. 9, pour faciliter l’empiètement des territoires autochtones, en divisant les instances dirigeantes et en renforçant la thèse du Cadre temporel, laquelle constitue une menace pour tous les territoires démarqués et non démarqués.
La FUNAI assume une fois de plus publiquement qu’elle est au service des ennemis historiques des peuples autochtones : l’agroalimentaire, les compagnies minières, les grandes entreprises du BTP et tant de groupes qui pratiquent des crimes contre les peuples autochtones (filière bois, orpailleurs, grileiros, éleveurs de bétail, etc.). La Fondation viole ainsi le droit à la consultation libre, préalable et informée garanti par la Convention 169 de l’OIT, qui est en vigueur au Brésil depuis 2004, et qui établit déjà le droit à l’autodétermination.
La résolution enfreint également la Charte des Nations unies sur les pactes relatifs aux droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et la Déclaration américaine sur les droits des peuples autochtones.
L’APIB réaffirme donc sa profonde indignation et son rejet total de toute tentative de ce gouvernement de régresser dans le temps, voulant ramener l’autoritarisme colonial et dictatorial afin de tuteller les peuples autochtones. Nous ne pouvons pas admettre la violence, la discrimination et le racisme institutionnel à notre encontre au moyen de politiques et d’instruments inconstitutionnels. Nous exigeons l’annulation immédiate de la résolution n° 04 de la FUNAI et demandons au gouvernement fédéral de respecter la Constitution fédérale et les droits des peuples !