Très préoccupé par l’état d’avancement du processus électoral à Médiateur externe du Bureau du Défenseur Public de l’Etat de Rio de Janeiro (DPE RJ) pour l’exercice biennal 2020-2021, l’ensemble des mouvements, collectifs, organisations et individus signataires de cette lettre viennent demander au Conseil supérieur de la DPE RJ d’annuler le processus électoral en cours.
Nous soulignons que le Médiateur externe est une conquête des luttes et des revendications des mouvements, collectifs et acteurs sociaux qui dépendent le plus de l’action du Défenseur Public et qui, historiquement, n’ont pas vu leurs revendications se refléter dans la vie quotidienne du système judiciaire. Ce système s’est affirmé comme un espace supplémentaire pour la reproduction des privilèges et des inégalités sociales de race, de sexe et de classe - comme l’indique le recensement du Conseil National de Justice (CNJ) de 2018. La construction du Bureau du Médiateur externe découle de la nécessité de forger des mécanismes capables de réduire les disparités structurelles qui affectent la relation entre l’institution et ses bénéficiaires. Ce bureau a donc un rôle fondamental dans la démocratisation de l’accès à la justice et devrait être un canal indépendant de participation sociale, ce qui rend essentiel le large dialogue avec la société civile dans sa construction et sa consolidation.
Depuis la création du Bureau du Médiateur externe dans l’État de Rio de Janeiro, il y a eu des obstacles récurrents à une large participation populaire aux étapes du processus électoral, qui ont été aggravés dans les élections actuelles par des actes arbitraires et des irrégularités qui nous font exiger son annulation. Il est grave que nous n’ayons pas été autorisés à participer à la préparation de l’appel public qui a établi les modalités de sélection de notre représentant au Bureau du Médiateur externe. Et comme si cela ne suffisait pas, la Commission électorale n’a pas fait preuve d’efficacité dans sa divulgation et n’a pas respecté certains des délais qu’elle avait elle-même fixés pour la divulgation des informations et des appels. En outre, l’avis susmentionné a limité la possibilité de notre participation effective à l’élection du nouveau Médiateur général en subordonnant la participation des entités de la société civile à leur rattachement aux Conseils Consultatifs d’État.
Nous ne pouvons pas ignorer que nous vivons dans un contexte social et politique de grands revers dans lequel les Conseils Consultatifs d’État ont connu d’innombrables changements, certains ont été dissous, d’autres restructurés et de nombreuses organisations se sont retirées ou s’y sont opposées en n’y étant jamais entrées. En outre, il est inacceptable que la Commission électorale considère le lien avec une certaine forme d’institutionnalité comme la seule source de légitimité possible pour un mouvement social. En conséquence de cet obstacle, lors de l’élection pour la composition de la triple liste, le candidat publiquement soutenu par plus de 100 entités de la société civile, une femme noire d’une favela liée aux mouvements sociaux contre la violence étatique, la lutte contre l’incarcération en masse et en défense des droits humains, a été seulement la deuxième la plus votée par les 24 entités qui pouvaient participer à ce processus électoral. A ce stade, il est inévitable de rappeler l’élection emblématique de 2015, lorsque Lúcia Xavier, une autre femme noire liée aux mouvements sociaux de la favela et de la périphérie, a été la plus votée par les organisations et mouvements, ce que ne l’a pas suffit pour devenir Médiateur externe.
Il est important de souligner que tous ces efforts pour faire du Bureau du Médiateur externe un outil efficace de la société civile résultent d’une évaluation sur l’importance du Bureau du Défenseur public et de son rôle de partenaire stratégique dans les luttes populaires. Nous comprenons que l’institution s’est efforcée d’être attentive et active dans les demandes sociales les plus diverses et c’est pourquoi il est si important le Médiateur externe et le dialogue pour renforcer cette relation.
Depuis le début du processus, nous avons évalué que l’élection actuelle reflète, comme les précédentes, des pratiques vicieuses et qui, historiquement, ont rejeté les femmes et la population noire, habitants des favelas et périphéries des espaces importants de participation populaire. Il est inacceptable, par exemple, que le décret actuel établisse comme l’un des critères d’évaluation le niveau d’éducation formelle du candidat. Nous vivons dans un pays où l’accès à l’enseignement supérieur est encore très peu accessible, en particulier pour la population noire. Le pourcentage de la population blanche âgée de 25 ans ou plus ayant terminé des études supérieures au Brésil est plus du double de la population noire du même groupe d’âge (22,9% contre 9,3%, selon le PNAD 2017).
Loin d’être un espace de reproduction des inégalités, en particulier du racisme structurel et institutionnel qui traverse inévitablement la relation entre le Bureau du Défenseur public et son assistance, le Bureau du Médiateur externe est un espace conçu à l’origine comme une stratégie pour donner une visibilité aux demandes des populations les plus vulnérables. Son objectif est d’atténuer les défis que pose la mission du Bureau du Défenseur public, qui consiste à protéger les droits des citoyens et citoyennes. Ainsi, le Bureau du Médiateur externe doit se consolider en tant qu’espace autonome et populaire qui contribue à assurer l’accès à la citoyenneté. A cette fin, il est urgent de revoir le processus électoral en cours. Nous voulons un Médiateur externe qui nous ressemble ! Qui comprenne nos besoins et nos angoisses et qui corrobore pour l’élaboration de réponses concrètes aux violations quotidiennes de nos droits.
Organisations, mouvements et collectives signataires :
- Rede de Comunidades e Movimentos Contra a Violência
- Frente Estadual pelo Desencarceramento – RJ
- Articulação de Favelas do Estado do RJ – AFERJ
- Frente Feminista Hidra da Baixada
- Estudos e Pesquisas da Universidade Federal Fluminense
- Instituto Raízes em Movimento
- Movimento Unido dos Camelôs – MUCA
- Pra Que e Pra Quem Servem as Pesquisas sobre Favelas ?
- Assessoria Popular Maria Felipa (MG)
- Mães de Maio do Nordeste (GO)
- Movimento Negro Unificado – MNU
- Associação Nacional da Advocacia Negra - ANAM RJ
- Associações de Moradores de Vigário Geral
- Articulação Brasileira de Lésbicas – ABL
- Movimento D’ELLAS
- Associação de Gays e Amigos de Nova Iguaçu e Mesquita – Agamim
- Mães em Luto da Zona Leste (SP)
- FASE (RJ)
- Movimento Mães de Maio
- LBL - liga brasileira de lesbicas
- Coletivo Todxs Unidxs
- Trybo Kósmica -coletivo espiritocultural
- Frente Estadual pelo Desencarceramento de Minas Gerais (MG)
- Grupo de amigos e familiares de Pessoas em privacao de liberdade ( MG)
- Rede de Advogadas Feministas Coletes Rosas
- Centro de Teatro do Oprimido (CTO) RJ
- Instituto de Cultura e Consciência Negra Nelson Mandela
- Rede Nacional de Mães e Familiares de Vítimas da Violência de Estado
- Coletivo Tamo Juntas
- Rede de Mães e Familiares de Vítimas da Baixada
- Movimenta Caxias
- Fórum Social de Manguinhos
- Movimento Mães de Manguinhos
- Grupo Tortura Nunca Mais
- Museu da Maré
- CEASM Maré
- Criola
- Movimento pela Legalização da Maconha – MLM
- REFORMA - Rede Jurídica por uma Reforma na Política de Drogas
- Marcha das Favelas pela Legalização
- Rede Nacional de Feministas Antiproibicionistas – RENFA
- Fórum de Juventudes do Rio de Janeiro
- Instituto Marielle Franco
- Coletivo Fala Akari
- Associação de Mães e Amigos da Criança - AMAR (Nacional)
- Coletivo Pretas em Movimento, Flor de Palmares de BH (MG)
- Rede Nacional de Advogados e Advogadas Populares - RENAP RJ
Répresentant.e.s de la société civile signataires :
- Fernanda Maria Vieira - Advogada e professora de Direito da UFRJ
- Yone Lindgren - Jornalista e Consultora em Direitos Humanos
- Lucia Eilbaum - Professora de Antropologia UFF, pesquisadora do Inct-InEAC e coordenadora da Comissão de direitos Humanos da Associação Brasileira de Antropologia
- Rachel Barros - Doutora em Sociologia
- Wilson Santos Mandela - Advogado Ativista do Movimento Negro e do Movimento LGBTI
- Luciane O. Rocha - Kennesaw State University
- Débora Silva - Fundadora do Movimento Mães de Maio
- Alan Brun Pinheiro - Pesquisador e coordenador do Centro de Pesquisa, Documentação e Memória do Complexo do Alemão - CEPEDOCA e é Cofundador e Secretário executivo do Instituto Raízes em Movimento
- Rhaysa Sampaio Ruas da Fonseca – Advogada
- Lorena Ferreira Martins – Advogada
- Paula Ferreira – Advogada
- Silene de Moraes Freire - Professora titular da Faculdade de Serviço Social da UERJ
- Laís Aina da Silva ferreira – Advogada
- Fabíola Cordeiro – Pesquisadora associada ao NESEG / PPGSA / UFRJ e apoiadora da Frente Estadual pelo Desencarceramento – RJ
- Cristiane Gonçalves Oliveira – Advogada
- Lucia Xávier – Criola
- Monique Cruz – Pesquisadora da Justiça Global e Mestranda da ESS / UFRJ
- Glaucia Marinho – Justiça Global
- Kathleen Feitosa - Frente Estadual pelo Desencarceramento, MLM, REFORMA, Campanha Caveirão Não
- Fransérgio Goulart - Historiador e Movimento de Favelas
- Marcelle Decothe - Fórum de Juventudes do Rio de Janeiro
- Sandra Carvalho - Justiça Global
- Fernanda Maria Vieira - Advogada RENAP e professora da UFRJ
- Rafael Maul - Diretoria colegiada do GTNM-RJ e professor da UFRRJ
- Lena Azevedo - Jornalista na área de direitos humanos e segurança pública.
- Flavia Medeiros - Antropóloga e Professora DSP/UFF ; pesquisadora INCT-InEAC ; e membra da RENFA.
- Adriana Fernandes - Antropóloga e pesquisadora do Distúrbio (UERJ/UFRRJ-CNPq)
- Adriana Vianna - Professora e pesquisadora do Museu Nacional/UFRJ
- Marilza Barbosa Floriano - Movimenta Caxias
- Silvia Dabdab Calache Distler -Assistente social aposentada
- Mariana Ferreira - Doutora em Psicologia / USP e Psicóloga do SUS
- Christiane Pinagé - Assistente social e membra da AFAPERJ
- Flora Daemon - Jornalista e Professora da UFRRJ
- Thainá de Paula - Br Cidades
- Luciene da Silva Lacerda - Instituto Búzios e da UFRJ
- Ana Maria Leone de Jesus - Coodenadora Unegro Caxias
- Ana Carolina Lourenço- Coordenadora Regional da Fundação Cidadania Inteligente