Note de solidarité au Peuple Yanomami

 | Par Collectif

Le peuple Yanomami, dont le territoire est situé entre les États de Roraima et d’Amazonas, au nord du Brésil, est dans une situation de crise sanitaire extrême en raison de l’omission délibérée du gouvernement de l’ancien président du Brésil, Jair Bolsonaro. Plus de 570 enfants de moins de cinq ans, sans compter les adultes et les personnes âgées, sont morts ces quatre dernières années des suites de malnutrition et de diverses maladies causées par les invasions massives du territoire yanomami par les orpailleurs et les bûcherons illégaux. Ce contexte a provoqué de graves troubles sociaux, multipliant les agressions, les viols, et toutes sortes de violences physiques et de violations de leurs droits. Les postes de santé ont été fermés et les pistes d’atterrissage ont été contrôlées par des chercheurs d’or illégaux, empêchant l’accès aux médecins et aux médicaments, ce qui a entraîné la réapparition de maladies, et de la famine, la dégradation du territoire et l’augmentation du nombre des décès.

Il est important de rappeler que le 9 août 2021, une organisation représentant les peuples autochtones formée, entre autres, par des avocats autochtones et des alliés non autochtones, l’Articulação dos Povos Indígenas do Brasil (APIB), a adressé à la Cour pénale internationale (CPI) une plainte contre Jair Bolsonaro, alors président, pour crimes contre l’humanité et génocide contre les peuples autochtones. En décembre 2021 et juin 2022, l’APIB a de nouveau alerté la CPI sur les situations d’extrême violence que subissaient les Yanomami. En novembre 2022, des représentants du département juridique de l’APIB ont participé à des événements à Amsterdam, Genève, Londres et Paris, pour renforcer la plainte déposée contre Jair Bolsonaro devant la CPI. À cette occasion, l’avocat autochtone Eloy Terena a participé à l’Examen périodique universel (EPU), au siège de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à Genève, en Suisse, dont la session a évalué si le Brésil, sous la direction de Jair Bolsonaro, s’était conformé aux recommandations adressées à son gouvernement, lors de l’évaluation conduite par l’ONU en 2017. Rappelons que l’EPU est un mécanisme élaboré pour évaluer la situation des droits de l’homme dans chacun des pays membres des Nations unies.

Le peuple Yanomami est la cible d’actions génocidaires et écocides qu’il dénonce depuis plusieurs années et, principalement, depuis le début du gouvernement anti-autochtone de l’ancien président Bolsonaro. Ces dénonciations contre les attaques d’orpailleurs illégaux, ainsi que les demandes de renforcement de la sécurité et des soins de santé, ont été adressées aux organismes publics et ont été systématiquement ignorées.

Les différentes institutions signataires de cette note sont solidaires avec le peuple Yanomami, soutiennent les actions du gouvernement brésilien actuel pour venir en aide aux Yanomami et réitèrent l’indispensable responsabilisation des agents publics impliqués dans ce qui est considéré comme une tragédie sanitaire et humanitaire majeure.

À Paris, le 31 janvier 2023

Signataires :

  • Agnès Levécot, Maître de Conférences honoraire, CREPAL (Centre de Recherches sur les Pays Lusophones), Sorbonne Nouvelle, Paris, France
  • Afrânio Garcia Jr, Maître de conférences École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), chercheur Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP), France
  • Brigitte Thiérion, Maître de conférences, Crepal (Centre de Recherches sur les Pays Lusophones), Sorbonne Nouvelle, Paris, France
  • Egidia Souto, Maître de Conférences, Université Sorbonne Nouvelle, Centre de Recherches sur les Pays Lusophones (Crepal, EA 3421), Paris, France
  • Fernando Curopos, Professeur cathédratique, CREPAL (Centre de Recherches sur les Pays Lusophones), Sorbonne Nouvelle, Paris, France
  • François-Michel Le Tourneau, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
  • Groupe International de Travail pour les Peuples Autochtones (GIPTA)
  • Ilda Mendes dos Santos, Maître de Conférences, Université Sorbonne Nouvelle, Centre de Recherches sur les Pays Lusophones (Crepal, EA 3421), Paris, France
  • Irène Bellier - Directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), France
  • Jean Pierre Massias - Président de l’Institut pour la Justice et la Démocratie (IFJD) -Institut Louis Joinet, France
  • Justice and Indigenous Peoples Rights (JUSTIP), Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), France
  • Laboratoire d’Anthropologie Politique (LAP), Centre national de la recherche scientifique (CNRS), École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), France
  • Magalie Besse - Directrice de l’Institut pour la Justice et la Démocratie (IFJD) - Institut Louis Joinet, France
  • Maria Cristina Paes Simon, Maître de Conférences, Université Sorbonne Nouvelle, Centre de Recherches sur les Pays Lusophones (Crepal, EA 3421), Paris, France
  • Nathalie Le Bouler Pavelic, Post-doctorante Capes-Cofecub "Genre menacé/Genre menaçant”, Laboratoire d’Études de Genre et de Sexualité (LEGS), Paris 8, France
  • Sofia Cevallos Vivar, Post-doctorante Laboratoire des Dynamiques sociales et recomposition des espaces (LADYSS), Paris 8, France ; FLACSO-Brésil.
  • Véronique Boyer, Directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Laboratoire Mondes Américains (UMR 8168), École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), France

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