La Commission d’enquête parlementaire (CPI) contre le Mouvement des travailleurs Sans-Terre (MST) s’est achevée mercredi 27 par une défaite politique du groupe parlementaire agro-militaire. L’extrême droite n’a finalement pas pu soumettre au vote le rapport produit par Ricardo Salles.
La CPI n’a pas mis en lumière les véritables problèmes de la zone rurale ; elle a, au contraire, constitué une nouvelle plateforme politique pour la droite bolsonariste afin de faire avancer le processus historique de criminalisation de la lutte pour la défense de la réforme agraire en cherchant à enquêter sur les occupations légitimes menées par le MST tout au long de cette année. Dans ce cadre, la CPI a négligé les principaux problèmes agraires du Brésil causés par l’agronégoce, tels que la déforestation croissante et les incendies, l’accaparement des terres, la violence dans les campagnes, la surexploitation de la main-d’œuvre par l’utilisation de méthodes de travail assimilables à celles de l’esclavage, la destruction et la contamination des ressources naturelles par l’utilisation de pesticides.
En outre, nous pensons que la Commission, ainsi que les enquêtes menées et le rapport lui-même, ne sont que prétextes à l’intimidation et à la persécution des dirigeants des Sans-Terre qui luttent pour la démocratisation de l’accès à la terre et pour un projet populaire au Brésil.
Dans un pays où des Brésiliens souffrent encore de la faim, nous contestons le rapport final présenté par la Commission et soulignons la nécessité de positionner la légitimité de la lutte pour la terre et la réforme agraire comme des éléments centraux dans la discussion d’un projet politique pour les régions rurales, en s’attaquant de front aux inégalités sociales et en garantissant le droit de vivre et de produire une alimentation saine.
Nous tenons à souligner que le MST n’a pas été le seul à lutter contre la tentative de criminalisation impulsée par la CPI. Pendant des mois, des milliers d’organisations sociales de tout le Brésil ont manifesté leur solidarité par l’intermédiaire de la plateforme « MST en débat ». Grâce à elle, le mouvement a reçu près de 65 mille signatures de Brésiliens, ainsi que des centaines de déclarations et motions de soutien. Au niveau international, la plateforme « Je suis avec le MST » a enregistré près d’un millier de signatures individuelles de plus de 400 représentants d’organisations ou de mouvements internationaux originaires de 93 pays.
Après avoir surmonté une nouvelle tentative de criminalisation, nous continuerons à nous battre. À aucun moment cette CPI n’a intimidé la bannière historique de la réforme agraire, pour laquelle nous marcherons jusqu’à ce que la terre soit la propriété de tous les Brésiliens. Nous ne reculerons pas devant la tâche de nourrir le peuple brésilien dans la dignité et la justice sociale.
Lutter ! Construire une réforme agraire populaire !