Les procès de 17 Terras Indígenas ont été restitués, l’engagement raciste du gouvernement Jair Bolsonaro contre les peuples autochtones pour faire respecter la « thèse du seuil temporel »

Lettres ouvertes écrites, par deux communautés de peuples autocthones Tupinambas à la société brésilienne, aux autorités nationales et à la communauté internationale.

Les lettres appellent la société internationale à être attentive, car le Président de la République, depuis les élections, a clairement indiqué qu’il ne respecterait pas les droits constitutionnels des peuples autochtones ni les droits environnementaux.

Elles dénoncent ’attitude arbitraire de Sérgio Moro auprès de la société brésilienne, les autorités nationales et internationales.

Les lettres indiquent très clairement que la nation attaquée la plus ancienne du pays et qu’elle continuera à d’exister.

Cet article contient les lettres ouvetes écrites par

  1. Le peuple Tupinambá de Olivença, le 26 Janvier 2020
  2. Le peuple Tupinambá de la Communauté Serra do Padeiro, le 28 janvier 2020.

Élements de contexte

Témoignage de Février 2019 Commission Pastoral de la Terre CPT Nationale

Lire aussi Bref aperçu des violences et violations de droits contre les Tupinambas, de Nathalie Le Bouler Pavelic pour l’Observatoire de la démocratie Brésilienne

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Lettre de dénonciation du peuple autochtone Tupinambá de Olivença contre l’ex-juge ministre de la justice du Brésil (Sergio Moro) qui a même violé le pouvoir Judiciaire.

Olivença, le 26 janvier 2020.

Nous, Caciques de la nation autochtone Tupinamba de Olivença, localisés entre les municipes de Ilhéus, Una, Buerarema et São José da Vitória, au sud de l’État de Bahia, nous DÉNNONÇONS à travers cette lettre, auprès de toute la société brésilienne, des autorités nationales et internationales, la violation de tous les droits constitutionnels des peuples autochtones pratiquée par l’ex-juge et actuel ministre de la Justice (Sérgio Moro). Cette violation touche le droit à la vie et à la démarcation de notre Territoire Autochtone Tupinamba de Olivença. Le ministre a décrété la fin de l’existence de notre peuple le 30 décembre 2019, dans une attitude arbitraire, par le biais d’une lettre officielle n°2740/2019/SE/MJ, a renvoyé à la FUNAI, le rapport détaillé de la démarcation de notre territoire pour l’ajuster à la « Marque Temporelle ». Le même rapport a déjà été plusieurs fois jugé par le pouvoir judiciaire brésilien à faveur de la démarcation immédiate de notre Territoire. En 2016, le rapport a été jugé par la Cour supérieure de justice à l’unanimité, 10x0, en faveur de la démarcation et envoyé par télégramme électronique en caractère d’urgence au ministère de la Justice pour que le ministre signe l’arrêt déclaratoire de la démarcation. Il n’y a aucune entrave juridique qui empêche la démarcation immédiate. Nous répudions cette attitude de l’ex-juge ministre Sérgio Moro qui va à l’encontre de la décision de la deuxième plus grande instance du pouvoir judiciaire brésilien. Nous, autochtones Tupinambas, avons toujours existés dans ce Territoire depuis des siècles, et nous ne l’abandonnerons pas. C’est un territoire que nous occupons traditionnellement et que nous avons auto-démarqué dans lequel nous faisons face à toutes les guerres et toutes sorte d’humiliations après avoir du prouver notre présence plus de mille fois judiciairement. Nous faisons face maintenant à un ex-juge qui ne respecte pas les décisions, viole et ne reconnait pas nos droits constitutionnels. C’est notre plus grande indignation. Il a décrété la fin de la plus ancienne nation de ce pays, car sa volonté est de nous exterminer. Mais, pour cela, il devra tuer toute la nation Tupinamba car personne ne peut expulser Tupinamba de son territoire. Les grands propriétaires terriens viennent d’ailleurs, pas nous. Nous résistons à chaque attaque depuis l’invasion de ce pays, c’est pour cela que nous continuons d’exister.

Halte-là ! Cette terre a un propriétaire !! Ce territoire appartient à la nation Tupinamba !!! Nous ne serons pas décimés !!!

POUR LA DÉMARCATION IMMÉDIATE DE NOTRE TERRITOIRE TUPINAMBA DE OLIVENÇA

Lettre ouverte, 28 janvier 2020 des Tupinambas de la communauté Serra do Padeiro

Nous, les Tupinambas de la communauté Serra do Padeiro, dénonçons la dernière et grave attaque du gouvernement fédéral contre notre peuple. Dans une lettre officielle (nº 2740/2019/SE/MJ) du 30 décembre 2019, avant-dernier jour de l’année, le ministre de la Justice, Sérgio Moro, a renvoyé le procès de démarcation de la Terra Indigena Tupinambá de Olivença à la Funai [Fundation Nationale de l’Indien].

Il ne s’agit pas seulement de notre terre qui a été attaquée par l’action de Sérgio Moro : les procès de 17 Terras Indígenas ont été restitués, affectant nos parents de différentes régions du pays et confirmant le racisme du gouvernement Jair Bolsonaro et son engagement envers les ennemis des peuples autochtones.

La lettre indique que la dévolution a été suggérée par l’assistance juridique du ministère de la Justice pour faire respecter la thèse du seuil temporel, qui vise à empêcher l’application de nos droits. Mais le ministre sait que la Terra Indígena Tupinambá de Olivença ne peut être affectée par le « seuil temporel temporel ».

Il serait peut-être nécessaire de rappeler à Sérgio Moro qu’il y a huit ans, le cabinet de conseil du ministère de la Justice lui-même a donné son avis favorable à la signature de l’arrêt déclaratoire par le ministre et à la conclusion du processus de démarcation, qui garantirait enfin notre droit au territoire, violé il y a cinq siècles.

La dévolution répète les tentatives précédentes dans le même sens. En 2014, le ministère de la Justice a renvoyé le processus à la Funai, remettant en question des points du rapport sur l’identification et la délimitation de la terra indigène, à la lumière du « seuil temporel ». En réponse à ce questionnement, la Funai et l’assistance juridique du ministère de la Justice, toujours en 2014, ont conclu que le processus de démarcation était régulier et qu’il devait se poursuivre. Après cela, le procès a de nouveau été renvoyé à la Funai, qui a répondu, dans un avis de 2018, confirmant également la régularité du processus.

En renvoyant notre procès, Sérgio Moro viole les droits constitutionnels du pays. En tant qu’ancien juge, en tant que ministre de la Justice, il veut saper la victoire que nous avons eue en 2016 devant la Cour supérieure de justice, qui a unanimement décidé que le gouvernement poursuivrait la démarcation de notre terre. Sérgio Moro a fait le contraire de ce qu’il devait faire : il n’aurait pas dû renvoyer le procès, mais plutôt, publier l’arrêt déclaratoire de notre territoire. Notre terre est traditionnellement occupée et le gouvernement agit pour maintenir les envahisseurs à l’intérieur.

Nous appelons la société internationale à être attentive, car le Président de la République, depuis les élections, a clairement indiqué qu’il ne respecterait pas les droits constitutionnels des peuples autochtones ni les droits environnementaux. A-t-il été élu pour enfreindre les lois ? A-t-il nommé ses ministres pour violer toutes les lois de notre pays ? Pour nous discriminer ? La Constitution ne leur permet pas de se comporter ainsi. Ou la Constitution n’est-elle plus valable ?

Avant-hier, les caciques du peuple Tupinamba se sont adressés à la société brésilienne et aux autorités nationales et internationales dans une lettre dénonçant l’attitude arbitraire de Sérgio Moro. La lettre indique très clairement - et il peut garder nos mots - que la nation qu’il veut éteindre est la plus ancienne du pays et nous continuerons toujours d’exister.

Aujourd’hui, date à laquelle il a été divulgué que cette attaque n’affecte pas seulement les Tupinambas, mais les parents de 17 terres autochtones violées et les peuples du Brésil dans leur ensemble, la communauté Serra do Padeiro se prononce une fois de plus.

Nous avons écrit cette lettre le jour où l’un de nos anciens nous a quitté. Ce matin, une de nos aînées, qui a participé à la lutte depuis le début, qui élevait ses petits-enfants et arrière-petits-enfants avec le plus grand soin dans une parcelle de territoire que nous avons récupérée avec beaucoup de résistance, où se trouvent les racines de sa grande famille, est décédée. En sa mémoire, en mémoire de tous nos ancêtres, de nos proches assassinés et par détermination des encantados , véritables propriétaires de la terre, nous ne reculerons pas d’un centimètre. Ceux qui veulent nous expulser, au fond, le savent : ils ne nous retireront de nulle part, car nous résisterons. Comme nous l’avons toujours fait.

Rosemiro Ferreira da Silva – Pajé, représentant l’organisation religieuse des Tupinambas de Serra do Padeiro

Rosivaldo Ferreira da Silva – Cacique Babau, représentant l’organisation politique des Tupinambas de Serra do Padeiro

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