L’Articulation des peuples autochtones du Brésil - APIB alerte ses membres, les peuples et organisations autochtones du Brésil, de ne pas se laisser tromper par les propositions fallacieuses de la Directive n° 01, du 22 février 2021, de l’IBAMA et de la FUNAI, dans laquelle le gouvernement définit « les procédures à adopter au cours du processus d’octroi de licences environnementales aux entreprises ou activités situées ou développées sur les Terres Indigènes (TI) dont l’entrepreneur est une organisation autochtone », puisque la duperie implique une réelle intention, d’une part, de contourner les garanties constitutionnelles d’autonomie et d’usufruit exclusif des peuples autochtones et, d’autre part, d’assouplir les règles d’octroi de licences environnementales, dans la mesure où l’IBAMA peut ne pas exiger de licence dans certains cas.
Dans son empressement à ouvrir ces territoires à tout type d’entreprise, pas seulement à l’agriculture et à l’élevage, le gouvernement bafoue le droit à la consultation libre, préalable et informée des peuples autochtones, tel que garanti par la Constitution fédérale et par les traités internationaux signés par le Brésil.
En outre, cette Directive reprend la politique de mise en location et de spoliation des Terres Indigènes (TI), une pratique nocive et violente adoptée par l’ancien Service de protection de l’indigène (SPI) des années 1940 à 1960, surtout dans les régions Centre-ouest, Sud et Nord-est du Brésil, dans le but de favoriser les grandes propriétés, la mercantilisation de la main-d’œuvre autochtone et la promotion du système capitaliste qui en découle, sur la base du modèle économique hégémonique en vigueur. Face à cette politique de mise en location et d’exploitation des territoires, de nombreux peuples autochtones, malgré leurs cultures, ont péri et ceux qui ont survécu doivent se battre pour assurer leur survie et récupérer les territoires qui leur ont été violemment confisqués.
Certes, il peut y avoir des actions menées ou souhaitées par les populations autochtones mais la perspective mise en avant est celle d’une éventuelle autorisation de projets dont les dirigeants autochtones ne sont généralement que des acteurs de second plan, voire manipulés et cooptés au détriment des intérêts collectifs des communautés.
La FUNAI, qui a été créée pour promouvoir et protéger les droits de l’ensemble des peuples autochtones du Brésil, ne peut pas limiter sa mission institutionnelle à vouloir orienter l’activité économique - de type agricole – se limitant à certains peuples ou régions du pays, étant donné la diversité des peuples et les modes de vie différenciés des peuples autochtones du Brésil.
Il est évident, outre la primauté envisagée par la Directive n° 01 de l’IBAMA sur les activités économiques autochtones, contre l’intégrationnisme et la tutelle souhaitée par cette instance, il n’appartient pas à la FUNAI de dire aux peuples autochtones quel mode de développement ils doivent adopter.
Face au retard de la validation du Projet de Loi 191, qui vise l’exploitation des ressources minérales et hydriques sur les Terres Indigènes (TI), et face à la suppression de la Directive n° 09/2020 qui vise à régulariser les propriétés privées sur les TI, le gouvernement Bolsonaro, par l’intermédiaire de la FUNAI, - instance qui devrait assurer la sauvegarde des droits des autochtones - veut supprimer, une fois de plus, les droits acquis.
Brasília - DF, le 25 février 2021