L’Association nationale des agents de la filière des spécialistes de l’Environnement (ASCEMA Nacional), composée d’entités représentatives des agents de la filière qui intègre le corps des agents du ministère de l’Environnement, de l’IBAMA, de l’ICMBio et du Service forestier brésilien, condamne les attaques successives perpétrées par des orpailleurs contre les peuples autochtones et se solidarise avec eux.
La dernière fois que des agents de l’IBAMA sont intervenus en Terre Autochtone Yanomami, c’était en décembre 2021. Près de cinq mois se sont écoulés sans qu’il n’y ait eu une seule activité d’inspection de l’IBAMA dans la région en dépit de la décision d’application de la sentence de l’ADPF 709 [1], en cours devant le STF-Tribunal Supérieur Fédéral. En l’absence d’inspections, les activités criminelles ont pu se développer librement, mettant en danger non seulement les peuples autochtones du Brésil, mais aussi l’ensemble de la population, les générations futures ainsi que notre méga-biodiversité.
Les difficultés rencontrées par la Direction de la protection de l’environnement pour le recrutement d’inspecteurs ont été provoquées par une série de décisions désastreuses prises par la présidence et la direction de l’institution elle-même. L’abandon de programmes et de plans de lutte efficaces dans le combat contre la déforestation en Amazonie et dans le Cerrado (PPCDAM et PPCerrado) a été aggravé par le soutien déclaré du gouvernement fédéral aux orpailleurs et aux bûcherons, par la dégradation des conditions de travail, comme en témoigne la suppression de l’indemnité pour travaux dangereux, des journées de travail épuisantes sans rémunération des heures supplémentaires, et des indemnités journalières insuffisantes pour couvrir le coût des activités professionnelles, obligeant souvent l’agent à payer de sa poche pour travailler.
Outre ces reculs dans la gestion de l’environnement, les modifications réglementaires et interprétations délibérément erronées émises par la présidence de l’IBAMA, favorisent la prescription de milliers de dossiers d’infraction, provoquant une véritable amnistie massive des contrevenants sanctionnés par l’IBAMA, mettant en péril des années de travail de la surveillance environnementale, ainsi que la collecte de milliards de réaux d’amendes. Ce sont des années de dépenses publiques dans la lutte contre les crimes environnementaux jetées à la poubelle. Cette impunité génère de la méfiance à l’égard des institutions et favorise un climat propice à la destruction de l’environnement et à l’atteinte aux droits des peuples autochtones.
Tous ces facteurs ont aujourd’hui un impact négatif sur la disponibilité des effectifs pour les opérations ostensibles de contrôle. En outre, l’IBAMA traverse une période de restructuration de plus qui maintient des personnes sans qualifications techniques à la gestion de l’inspection environnementale, comme cela a été le cas ces dernières années.
Au-delà de ces raisons, on dénombre des dizaines de cas de persécution et de harcèlement des agents de l’IBAMA et de l’ICMBio, en particulier ceux qui travaillent en l’application des règles environnementales. Enfin et surtout, il y a une réduction drastique des effectifs dans les différentes institutions environnementales. Malgré les récents concours de l’IBAMA et de l’ ICMBio, pas même 10% des postes vacants d’analyste environnemental ont été pourvus. Il serait donc stratégique de convoquer immédiatement l’ensemble des candidats de la liste de réserve des concours organisés.
De cette façon, les invasions qui se produisent aujourd’hui en TI Yanomami ainsi que dans d’autres Terres autochtones, Unités de conservation, entre autres sites écologiquement sensibles, sont aussi le résultat de la déstructuration de la filière de travail dans le domaine environnemental, des instituts et du ministère de l’Environnement. Le manque de conditions de travail sans perspective d’amélioration, le harcèlement institutionnel et l’absence d’un plan d’action cohérent se traduit par l’augmentation des attaques de criminels sur les populations autochtones et l’augmentation de la déforestation en Amazonie, qui, selon INPE1, a établi un nouveau record historique au mois d’avril.
En tant que fonctionnaires, nous déclarons que nous ne serons jamais de connivence avec le génocide et la violence à l’encontre des populations autochtones, résultant de cette désastreuse gestion écologique et territoriale. Nous réaffirmons notre engagement envers la société à protéger et à promouvoir l’utilisation durable de nos ressources naturelles. Nous exigeons, de l’administration de l’IBAMA, de l’ICMBio et du ministère de l’Environnement, la résolution des problèmes de gestion liés à la filière de spécialistes de l’environnement car ce n’est qu’avec une telle approche qu’il sera possible de faire face aux crimes environnementaux de manière efficace.
Brasília, le 6 mai 2022.
COMITÉ EXÉCUTIF
ASCEMA